L'iPhone, un téléphone toxique selon Greenpeace
L'ONG dénonce la présence d'éléments dangereux dans l'appareil d'Apple
disséqué par ses soins. Le constructeur respecte la réglementation
mais s'était engagé à produire plus vert.
Les Verts repartent à l'assaut de la pomme. Greenpeace, qui
considérait déjà Apple comme un des constructeurs high-tech les plus
polluants, a demandé une expertise « écologique » de l'iPhone, le
dernier joujou de l'entreprise, attendu en principe avant la fin de
l'année en France.
Verdict : le téléphone d'Apple recèle des substances et des matériaux
nocifs pour l'environnement. Un résultat décevant étant donné que
Steve Jobs avait annoncé cette année vouloir faire de son entreprise «
une pomme plus verte ».
Apple s'était notamment engagé sur l'élimination du PVC et des
retardateurs de flamme bromés (RFB) d'ici à la fin de 2008, des
substances qui ont précisément été repérées dans l'iPhone. Le
constructeur en est donc resté au stade des intentions.
Pratiquée par un laboratoire anglais, la dissection de l'iPhone ( voir
la vidéo sur YouTube) a révélé la présence de composants bromés,
représentant 10 % du poids du circuit imprimé flexible de l'antenne.
De l'antimoine et des esters de phtalates ont aussi été détectés. Des
substances reconnues comme toxiques - les phtalates sont interdits
pour la fabrication de jouets en Europe - mais qui ne sont pas
proscrites dans l'industrie des télécoms.
Le laboratoire a également constaté que la batterie de l'iPhone était
soudée dans le combiné, ce qui nuira au recylage. « Apple respecte la
réglementation [la directive européenne « RoHS », Restriction of Use
of certain hazardous Substances, qui interdit certains produits, NDLR]
concède Yannick Vicaire, qui mène les campagnes d'alerte sur les
produits toxiques chez Greenpeace. Mais sachant que la réglementation
est loin d'être assez stricte, on pouvait attendre beaucoup mieux de
la part d'un constructeur qui dit "réinventer le téléphone" ! »
Durcir la réglementation
Selon l'ONG, la téléphonie mobile est pourtant bien avancée en matière
d'écologie par rapport à d'autres secteurs high-tech. Les derniers
portables de Nokia sont par exemple dépourvus de PVC. « D'autres
fabricants utilisent déjà des substances alternatives et la plupart
des constructeurs font appel aux mêmes sous-traitants... Cela montre
que l'éco-conception n'est pas une priorité pour Apple », affirme
Yannick Vicaire.
Greenpeace se défend de vouloir stigmatiser Apple. Son objectif serait
de « tirer vers le haut » tous les industriels, pour que la protection
de l'environnement fasse partie de leurs priorités et pour que la
réglementation se durcisse. L'ONG rappelle à ce titre que les déchets
high-tech atterrissent pour beaucoup en Chine, en Inde et en Afrique,
avec des conséquences désastreuses dans ces pays.
Apple est actuellement 12e (sur 14) au dernier classement écologique
des constructeurs high-tech de Greenpeace. Nokia et Sony Ericsson
figurent toujours en tête.